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Comment une pratique artistique peut-elle fonctionner comme une action politique ? Une création esthétique a-t-elle les moyens de répondre à des questions qui dépassent les limites de ce que l’on définit par“artistique” ? Quels formats une production née pour faire face à un certain contexte social peut-elle acquérir ? Les pratiques d’exposition, conservation et classification des œuvres d’art ont-elles une dimension politique ?
Ce cycle propose une réflexion critique sur l’articulation entre création esthétique et production de discours politique. Chaque rencontre est centrée sur une thématique précise, à savoir : les nouvelles formes de sociabilité urbaines, les systèmes de musées et galeries d’arts, la politique et la scène, les pratiques du corps décolonial, les images de contestation, la politique de l’écoute, etc…
Florencia Dansilio
18 Décembre 2016 | La politique comme scène
Prendre la politique comme scène serait jeter un regard critique sur l’ensemble des gestes, des corps, des paroles qui configurent l’image créée pour bien convaincre ou garantir la légitimité du pouvoir. Il servira ainsi à comprendre les différents dispositifs — et modes de médiation — mis en place dans la construction de cette scène, et la voir comme non nécessaire. La scène jouera de cette manière non sur l’adhésion de son spectateur, mais s'offrira à sa critique — tel que Brecht voit l’efficacité du jeu théâtral.
La scène, en tant que cadre, que construction d’un champ discursif et visuel, se trouve directement liée à une pratique qui pense, qui calcule, la place regardée des choses. "Faire" scène c'est aussi définir les objets communs, leurs sens et usages. La scène, dit Barthes, "est bien la ligne qui vient barrer le faisceau optique", c’est-à-dire, mettre en scène servirait à construire un certain ordre de visibilité.
Mais la scène aura entretenu d'autres rapports avec la politique. "La politique comme scène" pourrait être compris non seulement comme la théâtralisation du pouvoir — ou sa transformation en spectacle — mais comme la possibilité de reconfigurer le cadre qui définit les limites du pensable, du visible et du sensible.
La construction de la scène en tant que "scène politique", ou "la politique comme scène" serait ainsi une action critique sur le langage, sur la culture, une sorte d'interruption des conventions établies, l’ouverture à des nouvelles possibilités de découpage du monde.
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