FAIRE IMAGE DE LA PENSÉE (1)

︵‿︵‿︵‿︵‿︵ ‿︵‿︵‿︵‿︵‿︵‿︵
Brouil­lons, notes, pro­jets, maque­ttes, schémas, pro­to­types, nota­tions de natures diverses : ces pro­duc­tions sont issues de moments et d'états précédants la final­i­sa­tion d’une œuvre. Leurs valeurs sont ainsi prospec­tives et rétro­spec­tives. Elles annon­cent ou anticipent l'émergence de l'objet achevé ; elles justifient cer­tains choix faits par l'auteur ; elles nous font com­pren­dre, en créant un récit tangible et visible, cer­tains aspects du proces­sus de créa­tion. Elles par­ticipent à l'élaboration de l'objet final­isé, comme des témoins matériels, des résidus du proces­sus qui con­duit l'artiste à l'émer­gence de son œuvre. C'est dans la dépen­dance à cet œuvre, au terme de ce temps prospectif, que ces productions pren­nent leur sig­ni­fi­ca­tion.

Mais nous pour­rions les voir autrement : ne plus tenter de jus­ti­fier leur exis­tence en considérant l'objet final­isé comme un but, mais parvenir à cerner leurs spéci­ficités formelles et matérielles. Faire appa­raître en elles ce qui ne parle pas de l’œuvre achevée. Les arracher de la logique où elles jouent le rôle d'intermédiaire entre l'idée et sa réal­i­sa­tion, en les appréhendant comme des espaces autonomes d’expérimentation, comme des exer­ci­ces de la pensée.
D’ailleurs, ces pro­duc­tions de nature proces­suelles soulève d’autres prob­lé­ma­tiques : la sauve­g­arde, la sélec­tion et l'archivage de ces matéri­aux (quoi jeter ou garder ?), l’angoisse de ne jamais aboutir, l’ennui de la con­sul­ta­tion, le passage du privée et ​public.

DADO AMARAL / BENJAMIN BOTTINELLI
11 décembre 2016

légende

votre commentaire